★★★
Let me take some of the punches for you tonight
U2 @ Sometimes you can't make it on your own

La fenêtre est immaculée d'eau. Cette eau de pluie, qui, lentement, glisse sur le carreau. Je me trouve là, du haut de mes quinze ans, songeur, suivant le tracé de l'eau du doigt, la tête appuyée contre le mur froid et dur. Mon visage reste impassible, pas une larme ne coule sur ma joue. Des larmes, je n'en ai plus depuis longtemps. Par conséquent, mon visage est impassible, dénué de toute émotion, tandis que mon regard semble perdu quelque part très très loin d'ici, peut-être même dans une autre galaxie. « Julian ? » La voix que je devine comment étant celle de Jamie ne réussit même pas à m'arracher de mes songes. Elle semble comme venue d'ailleurs, et mon doigt continue à courir sur le carreau à la poursuite d'une ultime goutte d'eau. « Julian ? » Cette fois, la voix de Jamie me détourne complètement de l'activité à laquelle je m'adonnais quelques secondes plus tôt. Ce sont les sanglots dans sa voix qui me font réagir. Ma main se pose sur la sienne, cette main qui était si molle il y a quelques secondes et qui est à présent ferme, forte. Ma main exerce la même pression sur la sienne que lorsqu'elle que je la console parce qu'elle vient de se disputer avec sa meilleure amie, qu'elle n'a pas eu la Barbie qu'elle voulait, parce qu'elle a tâché sa robe préférée ... Lorsqu'elle a la sensation que le monde s'écroule autour d'elle. J'aimerais tant pouvoir diminuer sa peine, mais j'en suis incapable. Je n'arrive déjà pas à diminuer la mienne, je ne peux pas produire de miracle pour elle. Aujourd'hui, la douleur que nous ressentons tous les deux est bien plus réelle que toutes celles que nous avons pu connaître. La peine était si forte que je ne parvenais même plus à pleurer, les larmes sont insuffisantes face à la grandeur de ma douleur. Jamie, ma petite sœur, ne parvient pas à parler, et ce depuis des jours. Je vis sa lèvre inférieure trembler. Je renforce ma pression sur sa main. Je veux qu'elle sache que je suis là pour elle. Je serai toujours là pour elle, toujours. Un rictus au coin de son œil, puis un torrent de larmes supplémentaire. La pression de ma main sur la sienne est plus grande. Un cri s'échappe de sa bouche. Mon autre main vient se poser derrière sa nuque, pour l'attirer contre moi. Son front qui se pose contre mon torse. Je peux sentir la douleur à travers elle, cette douleur qui lui déchire les entrailles. Cette douleur que je ressens moi-même en permanence à présent. Des cris de douleur. Et des flots de larmes. Je la tiens dans mes bras, la serrant de toutes mes forces, m'accrochant à elle comme à la vie. Je l'entends hurler, extérioriser sa peine. Je sens aussi ses tremblements. « Pleure Jamie, tu en as le droit, pleure et crie tant que tu en as envie, tant qu'il le sera nécessaire. » Moi-même, je renifle bruyamment. J'entends qu'elle essaie de parler, mais elle n'y parvient pas. Je la force à s'assoir sur le canapé, et elle ne me lâche pas. En fait, je ne compte pas la lâcher, pas tant qu'elle aura besoin de moi. Je sais qu'elle a beaucoup de questions, qu'elle a besoin de savoir. Je sais que depuis qu'elle est partie, elle ne pense qu'à cela. Moi aussi, je me les pose ces questions. Car, je suis incapable de lui répondre, à Jamie. Je suis peut-être son aîné de huit ans, mais en fin de compte, je n'en sais pas plus qu'elle. Moi aussi, je voudrais qu'on m'explique. Pourquoi elle est partie. Pourquoi on nous l'a prise. Parce que moi, j'ai encore besoin d'elle, j'ai encore besoin de ma mère, besoin qu'elle me serre dans ses bras, qu'elle me murmure que tout ira bien. Mais, ces questions, ni Jamie, ni moi, n'osons les poser. Ceci reviendrait à donner de la réalité aux choses. Et je pense que nous n'y survivrions pas. Car, et je sais que c'est également le cas de Jamie, j'espère encore que c'est faux. Que cet accident de voiture n'a pas eu lieu, qu'elle va rentrer des courses, le sourire aux lèvres, et qu'elle nous serrera dans ses bras. Qu'elle nous proposera de faire une tarte, et qu'elle nous dira qu'elle nous aime. Et, qu'elle sera toujours là. Toujours. Qu'elle me verra être diplômé, qu'elle me conduira à l'autel, qu'elle embrassera avec affection ses petit-enfants, leur fera des tartes aussi, et qu'elle sera toujours là pour moi, surtout lorsque je ne saurais pas quoi faire. Parce qu'elle est ma mère, et qu'elle est tout pour moi. Jamie pleure à s'en vider de la totalité de l'eau de son corps et j'aimerai tant pouvoir faire cesser ces pleurs. Et bientôt, le calme se fait. Le visage de ma sœur a retrouvé tout son calme. Des mèches sont collées sur son front, ses joues, son menton. Mais elle s'en fiche. Le monde s'est écroulé. Mais, de ma main libre, je sépare les cheveux collés par les larmes de son visage. « Tu sais à quel point tu lui ressembles ? Tu es son portrait craché, tu as ses magnifiques yeux, sa démarche, sa manière de parler ... N'oublie jamais cela, jamais. Elle ne sera jamais loin de toi, Jamie, et le temps passera, et les autres oublieront probablement ... Mais nous, on n'oubliera jamais qui elle était. Jamais. »

★★★
Don't say you're up when you're down
Tears For Fears @ Elemental

Ma sœur est tout pour moi. J'ai toujours veillé sur elle. Je lui ai appris à changer une roue de voiture par exemple. Je l'ai emmenée à mes entraînements de base-ball, lui apprenant au passage quelques trucs relatifs à ce sport. Je l'ai aidée à faire ses devoirs lorsqu'elle a eu besoin d'aide, lui réexpliquant ce qu'elle ne comprenait pas en cours. Mais tout cela, ce n'est rien à côté de tout ce qu'elle a pu faire pour moi. Elle m'a soutenu lorsque Papa a refusé que ma passion pour le base-ball dépasse le niveau universitaire pour devenir mon métier, alors que j'avais mes chances. C'est elle qui se moquait de moi lorsque je refaisais des schémas médicaux sur les murs de ma chambre, alors que j'étais en première année de médecine. C'est vers elle, toujours vers elle, que je me tournais lorsque j'avais des soucis, que j'avais besoin de parler. Nous passons toujours des heures à parler de tout et de rien, et même depuis que je suis à la fac, nous le faisons par téléphone. Nous parlons beaucoup de maman. De combien elle nous manque, de ce que nous aurions voulu faire avec elle. De ce qu'on lui dirait si nous pouvions passer ne serait ce qu'un instant de plus avec elle. Nous avons été là, l'un pour l'autre, lorsqu'elle est morte. Papa était présent aussi, faisant du mieux qu'il pouvait. J'ai séché les larmes de Jamie lors de chaque terrible étape de sa vie. Et en ce moment, elle n'est plus là. Elle devrait être rentrée depuis trois quarts d'heure, maintenant. Je m'inquiète sérieusement. Je me demande s'il lui est arrivé quelque chose ou si elle a tout simplement oublié mon existence. Je me sens seul dans ma peine, en l'absence d'une mère. Depuis qu'elle a rencontré ce garçon, je ne la vois plus. Je suis rentré de l'université pour les vacances, et je n'ai pas retrouvé cette personne qu'était ma sœur. J'ai l'impression qu'on m'a arraché Jamie. Comme on m'a arraché ma propre mère. Et, je n'ai rien vu jusqu'à ce que je revienne dans cette maison. Bon sang, qu'est ce que j'ai pu être aveugle ! Et en même temps, une partie de moi me dit que je dois grandir, que je dois la laisser prendre son envol, qu'elle n'a peut-être plus besoin de moi autant que j'ai besoin d'elle. Que quelqu'un d'autre a pris cette place que j'occupais jusque-là. Je me suis toujours dit que je faisais tout pour qu'elle ne manque pas d'amour, qu'elle ne se sente jamais seule, que quelqu'un lui sèche les larmes ... Mais au fond, j'étais peut-être encore plus gagnant qu'elle dans cette histoire. Car, c'est en m'occupant de Jamie que j'ai trouvé la force de continuer, de surmonter la mort de maman. Puis, j'entends la porte qui s’entrouvre. Je soupire de soulagement. Car c'est bien Jamie qui vient de pousser la porte de la cuisine, essayant de ne pas faire de bruit. « T'étais où ? Ça va bientôt faire une heure que je t'attends ?! » Alors, elle lève les yeux vers moi, ne m'ayant jusque-là pas remarqué, me jetant un regard noir. Assis sur cette fichue chaise, je grimace. « On ne peut pas en parler demain, plutôt ? Je suis crevée, je n'ai qu'une envie, c'est d'aller me coucher. » D'un bond, je me lève, lui attrapant le bras en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Je ne suis pas violent avec ma sœur, du moins pas d'habitude, mais la femme qui est en face de moi n'a plus rien à voir avec Jamie. C'est alors que je vois réellement son visage. Je ne la lâche pas pour autant. « Tu as pleuré ? » Car, les yeux bouffis que je vois devant moi ne peuvent vouloir dire que ça. Comme sa volonté de s'enfermer dans sa chambre, de me fuir. « Julian, je ne le répéterai pas deux fois : lâche-moi. » Je dois savoir ce qui lui est arrivé. Jamie est ma petite sœur, je dois la protéger coûte que coûte, je dois être là pour elle lorsque ça ne va pas. « Dis-moi ce qui s'est passé ! » Le ton monte, ce n'est pas bon. Je sais que je ne devrais pas lui parler ainsi, mais ma patience arrive à ses limites. La sienne aussi. « LÂCHE-MOI !!! » A présent, elle hurle, se débat, cherchant à échapper à mon emprise. C'est peine perdue. « JE VAIS TE LÂCHER, MAIS AVANT ÇA TU TE CALMES ! » Soudain, plus un son ne sortit de la bouche de Jamie. Je lui lâcha le bras et elle s'assit. Je fis de même, et elle prit la parole. « C'est terminé. Tyler et moi, c'est terminé. Il ... est avec une autre. » Je n'en crois pas mes oreilles. Alors, il l'avait trompée ? Ce gars pour qui ma sœur m'avait abandonné s'était fichu d'elle. « Son adresse. Donne-moi son adresse. » Jamie soupira. Elle avait cet air navré que je lui connaissais bien. Elle se sentait certainement responsable de tout cela. « Non ... Ce n'est pas la peine. Je n'ai même pas envie que tu lui casses la figure, et pourtant je sais que c'est à ça que tu penses. Je veux juste être au calme et ... retrouver mon frère. » Je souris. Ce gars peut bien attendre, je m'occuperai de son cas plus tard. C'est auprès d'elle que Jamie a besoin de moi, pour le moment.

★★★
I'm too afraid of my heart to let you go
Hurts @ Under Control

« Vous avez fait QUOI ?! » m'étranglais-je. J'ai certainement l'air de quelqu'un de furieux aux yeux de la patiente, mais tant pis. Car, je suis furieux. Furieux après mes imbéciles d'internes. Ils font décidément n'importe quoi. Ils sont complètement inconscients. Ils vont finir par attirer de véritables problèmes à l'hôpital. Je fais de mon mieux avec eux. Je les forme à devenir de véritables médecins, à être compétents. Et, je pense que je m'en sors bien. Mais, ils sont tellement ... naïfs. Ils croient encore qu'ils sont infaillibles, qu'ils ne se trompent jamais. Et bien, c'est faux. Des erreurs, ils en commettent. En permanence. C'est comme ça qu'on apprend le métier. Mais, un de ces jours, je crains que nous n'ayons de réels problèmes par leur faute. Ils n'en font qu'à leur tête, n'envisageant que les retombées positives de leurs actes. Jamais, ne pensent-ils donc qu'ils pourraient se tromper ? Qu'ils n'ont pas la science infuse ? Apparemment, non. Ils ne pensent à rien. Et je les entends se confondre en excuses, toutes plus pathétiques les unes que les autres. Je m'en fiche de leurs excuses. Ils peuvent faire toutes les conneries qu'ils veulent, mais pas avec MES patients. Je n'ai pas envie de me prendre un procès, certainement pas à cause de débiles d'internes sans expérience. Car, aujourd'hui, ce n'est pas grave, mais ça aurait pu l'être. Ça pourrait l'être demain, la semaine prochaine, dans six mois ... « Déguerpissez ! » Ils ne se firent pas prier, s'empressant de quitter cette chambre. Je soupire. S'ils continuent comme ça, je ne sais pas ce que je vais faire d'eux. Puis, je me tourne de nouveau vers la patiente. Elle sourit, l'air amusé. Je ne comprends décidément pas. « Quoi ? » Mon ton est amusé, lui aussi. La jeune femme se redresse dans son lit d'hôpital, avant de me dire : « Vous êtes un véritable tyran, Docteur. » Je souris, tout en attrapant son dossier, accroché au lit. Je connais son cas, en revanche j'ignore son prénom. Il faut dire que je ne passe pas des heures à faire connaissance avec mes patients, je sauve des vies. Et cela me plaît. Je feuillette le dossier, répliquant : « Il le faut bien, si je veux faire d'eux de bons médecins. » Je l'entends rire, cette femme dont je ne trouve toujours pas le nom. Je souris, avant de finalement tomber sur la bonne page. Rosalyn. Elle s'appelle Rosalyn. « Je n'en doute pas. Vous savez que de nombreux mythes courent sur vous parmi les internes ? » Bien sûr que je le sais. Cela n'a rien de nouveau. « Vous savez, Rosalyn, tous les mythes semblent être doués d'une vie propre. Ils ont une façon bien à eux de croître et d'embellir ... » « ... Mais que les détails soient véridiques ou non, ils doivent bien avoir un fond de vérité. » Médusé, je relève mon regard vers elle. J'ai la sensation d'avoir déjà vu cette dénommée Rosalyn quelque part, mais impossible de me souvenir où. « Dîtes, j'ai comme l'impression de vous avoir déjà vue ... » Elle sourit de nouveau, de ce magnifique sourire qui donne à son visage cet air illuminé, puis me répond, d'un air désolé : « Cela m'étonnerait. » Perplexe, je réfléchis durant quelques secondes, quant survint l'illumination. Je me souviens, à présent. Je sais d'où je la connais. « Mais si, vous étiez Miss Texas ! Je me rappelle, maintenant, vous nous avez représentés lors du concours de Miss America ! » Rosalyn sourit, l'air gêné. « J'espérais que personne ne s'en souviendrait. Je suis soulagée de ne pas avoir gagné, c'est à ma mère que ça tenait à cœur, pas à moi. » Je me rapproche du lit, pour finalement m'assoir dans le fauteuil face à celui-ci. Ce n'était certainement pas la Miss Texas que je voyais. C'était une toute autre femme, bien plus belle et bien plus fascinante. « En tout cas, vous étiez fabuleuse, heureuse d'être là ou pas. » Puis, j'entendis de nouveau son rire cristallin. Et je n'ai qu'une envie, c'est de rire avec elle. De partager cette joie dont elle fait preuve. Rosalyn retrouve son air sérieux, avant de dire : « Alors, ce dossier ? » Je soupire. Je sais que je ne devrais pas passer autant de temps avec cette patiente, mais elle est ... spéciale. Elle est différente des autres patientes. « Vous avez eu une chance incroyable, Rosalyn. Vraiment. » Elle a certainement un ange gardien, pour s'en être sortie ainsi. Seul un traumatisme crânien, rien de plus. Pas une égratignure, rien de cassé ... J'ai presque envie de dire que c'est une miraculée. « Vous consentiriez à me faire sortir ? » Mon rire est nerveux. Cette fille joue avec mes nerfs, bien qu'elle ne s'en rende pas compte. « Certainement pas. Vous avez eu de la chance, mais vous avez quand même un traumatisme crânien, je préfère vous garder vingt-quatre heures. » C'était la procédure habituelle. Bien sûr, elle pouvait signer une décharge et sortir, mais j'ai le sentiment qu'elle ne le fera pas. Elle aussi, elle a dû sentir qu'il y avait quelque chose d'inhabituel. Un peu effrayant mais surtout excitant. Car, cette fille, je le saurais plus tard, deviendrait ma femme.

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Angels with silver wings shouldn't know suffering
Depeche Mode @ Precious

J'ai toujours redouté ce moment. Je sais que cela arrive, que de nombreux couples doivent faire face à cette catastrophe, mais je ne pensais pas que cela nous tomberait dessus. Parce que Rosalyn et moi sommes tombés amoureux au premier regard, que nous sommes de bonnes personnes, que nous avons des tas de projets. Et en quelques instants, tout vient de s'effondrer. En quelques secondes, tout a été balayé. Je n'arrive même pas à écouter ce que le médecin à côté de moi me raconte. Enfin, si, j'entends, mais mon regard est fixé la vitre de cette porte par laquelle je vois Rosalyn - du moins, son dos, endormie me semble t-il. « ... On l'a admise pour des saignements vaginaux il y a quelques heures ... » Je sais très bien ce qu'il est en train de me raconter. Et, je ne cesse de me répéter que j'aurais dû être avec elle à ce moment-là. N'importe qui dirait que ça n'aurait rien changé, mais je pense que si. Rosalyn était toute seule à ce moment-là, alors qu'elle avait besoin de moi. Et j'étais où, au juste ? A l'hôpital. Comme toujours ces temps-ci. J'aimerais me dire que tout ceci n'est qu'un mauvais rêve, mais je n'ai plus quinze ans. J'ai grandi, depuis, et je n'ai plus le droit de tenter de me voiler la face. Surtout pas depuis que ce dôme est apparu. Tant qu'il sera là, je n'aurais plus une seconde de répit, et il me faudra agir en adulte. Je porte ma main à mon visage. Je n'ai qu'une envie, c'est de m'effondrer par terre. Notre bébé est mort. « ... Elle était enceinte de cinq mois et demi, tu sais ce que cela implique ... » Qu'ils devront procéder à une intervention pour retirer le corps du fœtus. Je ne suis pas obstétricien, mais je connais la procédure. La grossesse était à un stade trop avancé pour procéder autrement. « ... Tu sais, ce n'est pas rare, une fausse couche. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter dans votre cas, c'est la première fois ... » A ces mots, je n'ai qu'une envie, c'est de lui coller mon poing dans la figure. Mais, je me rétracte, me contenant de regarder à travers la vitre. Je n'ose même pas entrer. J'ai peur qu'elle me repousse, j'ai peur de voir combien ça la dévaste, combien elle est en colère contre le monde. Parce que moi, je suis dévasté et en colère contre le monde entier. Ce n'est pas juste. C'était notre bébé. Il avait le droit à la vie. Ou elle. Nous avions choisi de ne pas connaître le sexe de l'enfant avant sa naissance, et finalement nous ne saurons jamais s'il avait été un garçon ou une fille. Car, maintenant, il importe peu de savoir. Notre bébé est mort, c'est tout ce qu'il y a à savoir. « ... Il faut que tu ailles lui parler. » Je le sais bien, qu'il faut que j'aille parler à Rosalyn. Mais, aucun mot ne pourra soulager sa peine, ni la mienne. C'est la fin d'une époque. Tous nos espoirs, nos projets ... Ruinés. Détruits. Rayés de la carte. Nous ne saurons jamais comment nous aurions appelé cet enfant. William « Billy » pour un garçon, Daisy pour une fille. Je hoche la tête, et finit par me convaincre d'ouvrir cette porte. En vérité, je l'entrouvre, et marche à pas feutrés jusqu'au lit d'hôpital. Rosalyn ne me fait pas face, mais je ne pense pas qu'elle dorme. Je pense qu'au contraire, elle est parfaitement réveillée. Je la connais, elle aura refusé tout sédatif ayant pour but de la soulager. Je m'allonge alors au bord de ce lit d'hôpital, tout juste assez grand pour que nous puissions tenir tous les deux, et je passe mon bras autour de sa taille. Ma main est sur son ventre, ce ventre sur lequel j'avais posé mes mains, mon oreille tant de fois, afin de sentir bouger notre bébé, l'entendre. Je ne sens plus rien, désormais. La vie à l'intérieur n'est plus. « Bébé. » Je ne sais pas quoi dire. Je blottis ma tête dans ses cheveux, pouvant sentir l'odeur de son shampooing, auquel je ne me fais d'ailleurs pas. Elle ne supportait plus l'odeur de l'ancien depuis le début de sa grossesse. « Je sais. » C'est de notre bébé qu'elle parle. Notre bébé qui n'est plus. Nous étions heureux, et à présent, nous avons deux cœurs brisés. Je ne sais pas si nous nous en remettrons un jour. J'aime ma femme de tout mon cœur, mais la peine me paraît insurmontable. Je ne comprends pas pourquoi cela nous arrive. Pourquoi nous ? Les choses me semblent pire que lorsque j'avais quinze ans, lorsque j'ai perdu ma mère. Il s'agit de mon enfant, de NOTRE enfant. Et, même si vingt ans ont passé, je n'ai toujours pas les réponses à cette fichue question. Ni même à toutes les autres. J'ignore pourquoi le destin s'acharne sur nous. Ce n'est pas normal. Je n'arrive pas à dire quoi que ce soit d'autre, Rosalyn non plus. Nous savons que ce n'est pas nécessaire, de toute manière.

Merci beaucoup les filles

Ange Pots a écrit:

FASSBENDEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEER
Je le vois tellement jamais sur les forums, et je l'aime tellement d'amour cet homme que là j'en bave + pleure
QUEL CHOIX DE FOU !!! En tout cas, je te souhaite des millions de fois la bienvenue parmi nous, sache que si tu à besoin de quoi que ce soit, je suis tout à toi
Je dois dire que ton personnage est très très intéressant, j'ai hâte d'en découvrir plus et puis je pense qu'un lien avec mon autre perso Nolan qui bosse à l'hôpital aussi sera juste obligatoire !! Autrement, Ange aime beaucoup les hommes plus vieux qu'elle, si môsieur souhaite être infidèle

Waw quel choix ! Et je sens que le perso va être génial !
En tout cas bienvenue à toi par ici !!!