Ce qui pourrait résumer mon enfance est l’absence de mes parents. Je crois que je n’ai jamais passé un moment avec mes deux parents réunis de toute ma vie. Peut être quand je n’étais qu’un bébé et encore. J’en doute très sérieusement. Toute mon enfance, je n’ai connu qu’une seule personne, Grace. La nourrice que mes parents avaient engagée pour s’occuper de moi et de ma petite sœur. Anaëlle est née deux ans après moi. Aujourd’hui encore je me demande pourquoi mes parents ont décidé d’avoir un deuxième enfant alors qu’ils ne s’occupaient déjà pas de moi. Je ne l’ai jamais dit à Anaëlle, mais j’avais huit ans quand mon père m’as clairement dit que nous n’étions que deux accidents de la vie. Des accidents qu’il regrettera pour toujours. J’étais un peu jeune pour comprendre la porter de ces mots, mais une fois que j’ai finis par comprendre, j’ai décidé de tout faire pour protéger ma petite sœur et surtout pour rendre la vie de mes parents impossible. Je crois que j’ai fais toutes les conneries du monde à l’époque du Lycée. Je ne pensais qu’au base-ball. Je vivais uniquement pour cela. Pour éviter de rentrer chez moi trop tôt, je passais des heures et des heures sur le terrain à m’entraîner. C’est sans aucun doute cela qui m’as coûté la carrière professionnelle que j’aurais pu avoir. J’ai joué dans l’équipe du Lycée et j’avais réussi à obtenir une bourse pour l’Université. Mais trois mois après la rentrée je me suis blessé. Une blessure à l’épaule qui m’empêchera à jamais de devenir un professionnel. Cette nouvelle à détruit ma vie. Je ne voulais pas y croire. J’ai continué à jouer pendant une semaine, jusqu’à un match ou j’ai fini par terre à pleurer comme jamais tellement j’avais mal. Je me suis fait opérer et depuis je n’ai jamais remis les pieds sur un terrain de base-ball. Jamais…

« Tu compte rester dans cette chambre encore longtemps ? » Anaëlle est sur le pas de la porte de ma chambre. Elle me regarde avec son regard noir que je connais par cœur. Cela fait trois mois que ma carrière dans le base-ball a pris fin. Depuis j’ai tout arrêté. Les cours, tout. J’ai trouvé un petit job dans un Starbucks et j’ai pris un petit appartement pour qu’on puisse enfin quitter la maison parentale avec Anaëlle. Mais je sors de chez moi uniquement pour aller bosser. J’ai plaqué ma petite amie de l’époque et je ne vois pratiquement plus mes amis. J’ai vingt et un ans et je m’isole plus que jamais. Visiblement ce n’est pas vraiment au goût de ma petite sœur. « Laisse-moi tranquille Ana. » Elle se jette pratiquement sur mon lit et sur moi par la même occasion. « Non ! On va sortir ce soir. Et puis tu va me faire le plaisir de te trouver une voie, une carrière n’importe quoi, mais de quitter ce café tout pourri. » Au moins, le message à le mérite d’être clair. Je me relève un peu et dépose un baiser sur la joue de ma sœur. En réalité, il y a quelques jours j’ai commencé à penser à quelque chose, mais je n’ose pas vraiment lui avouer. Je n’ose pas vraiment me lancer en fait. Je ne veux pas laisser ma sœur toute seule ici. Pourtant je me dis que c’est exactement ce qu’il me faudrait. « Ecoute Ana… J’ai pensé a quelque chose, mais… Enfin… J’aimerais bien m’engager dans l’armée. » Je vois le regard de ma sœur passer par tout un tas d’émotions. Elle ouvre la bouche et la referme à plusieurs reprises avant de me sauter dans les bras. « Fait le Roman. Tu serais super sexy comme militaire. » Je secoue la tête et rigole. « Je veux pas te laisser toute seule Ana. » « Arrête de dire des conneries. » Trois jours plus tard je signais mon contrat à l’armée.

« Pleurs pas Ana… S’il te plaît. » J’ai tenu cinq ans en faisant seulement des petites missions d’un mois ou deux grand maximum. Je ne voulais pas m’éloigner de ma sœur, alors je restais beaucoup sur la base au pays. J’ai tenu plus longtemps que certains en acceptant même des tâches assez ingrates, mais au bout d’un moment je n’ai pas plus pu refuser que l’on m’envoi en mission à l’étrangère. Aujourd’hui je dois partir en Afghanistan pour deux ans minimum. Ma petite sœur à grandi, elle n’as plus besoin de moi pour vivre correctement et pourtant j’ai du mal à la quitter. Surtout en le voyant en larmes comme cela. Je la prends dans mes bras et je l’entends soupirer longuement. « Ca ira. Reviens-moi en vie hein. Promet moi que tu feras attention à toi. » « Je te le promets. » Je lui fais un long câlin puis viens l’heure de partir. Je vais protéger ma nation. Je dois dire que j’ai un peu la trouille, mais je ne le montre pas. A vingt-six ans c’est la première fois que je vais au front.

Deux ans plus tard,

Cela fait deux jours que je suis rentré à Seattle. Je n’ai jamais été aussi heureux de revenir chez moi. Anaëlle m’as accueilli comme si j’étais le Président des Etats-Unis. On a passé les deux derniers jours ensemble et aujourd’hui j’ai décidé d’aller faire un petit tour en ville pour voir ce qui a bien pu changer durant mon absence. Je me balade donc tranquillement en ville lorsque mon regard finis par se poser sur une jeune femme en pleurs sur un banc. J’ai toujours détesté voir les femmes pleurer. Je ne sais pas vraiment ce qui me prend, mais je finis par me pencher vers elle. Décider à la faire sourire. « Une si jolie fille ne devrait pas pleurer seule sur un banc. Peu importe le problème que tu as. Il y a toujours une solution… » Je n’ai jamais fait cela de ma vie, mais franchement j’ai envie de l’aider. Tout simplement. Même si je ne la connais pas du tout. Je vois bien que je l’ai choquée en lui parlant aussi franchement, mais elle finit par relever les yeux vers moi pour me répondre. « Je suis enceinte... De mon ex qui est amoureux de sa meilleure amie. » « Oh. » Je m’attendais pas à cela tout de même. Je pensais à une rupture, rien de plus. Autant dire que son histoire n’est pas banale. Elle se présente et je lui offre un petit sourire rassurant. La jolie Hayley me souris à son tour et je me dis que j’ai peut être bien fait de l’aborder de cette manière. « Je t’offre un café ? » Elle accepte et nous passons le reste de l’après-midi à discuter et se découvrir tous les deux.

J’ai eu trois semaines de permissions. Trois semaines pendant lesquelles, j’ai passé toutes mes journées avec Hayley. J’ai tout fait pour lui remonter le moral et très rapidement on c’est trouver un bon nombre de points communs tous les deux. J’ai dû retourner au front, mais elle m’a donné son adresse et on c’est promis de s’écrire régulièrement. Au final, je lui envoyais une lettre tous les deux jours ou presque et elle me répondait tout aussi rapidement. J’ai suivi sa grossesse par lettre et par Skype. Puis un jour j’ai reçu une lettre un peu particulière, avec une photo, d’un petit bébé. Aaron. Il m’a fallut trois semaines pour obtenir l’autorisation de rentrer au pays. Quand j’ai vu le fils d’Hayley pour la première fois, j’ai ressenti quelque chose de complètement dingue. Je me suis senti lié à ce bébé comme s’il était le mien alors qu’au final il n’était que le fils de ma meilleure amie. J’avais eu le droit à deux semaines de permissions et je suis resté avec Hayley et son fils pendant tout ce temps avant de partir au front. Une nouvelle fois.

Je suis rentré un peu plus de six mois plus tard. Lorsque Hayley m’as annoncé que son fils était malade. Celui que je considérais comme mon neveu avait eu une maladie du sang, quelque chose au nom bien trop compliquer pour que je puisse comprendre. Je suis rentré sans réfléchir en négociant serrer avec mon chef. « Je suis là pour deux semaines. Je n’ai pas pu faire plus. » « Ce n’est pas grave. Tu es là, c’est tout ce qui compte. » Je prends doucement Hayley dans mes bras et comme à chaque fois j’ai l’impression de pouvoir respirer correctement à nouveau. A chaque fois que je m’en vais c’est un déchirement. Parce qu’il ne m’as fallut que trois semaines et quelques lettres pour me rendre compte que j’avais eu un véritable coup de foudre pour Hayley. Sauf que je préfère taire mes sentiments. Elle n’a pas besoin de ça. Je suis constamment sur le front, je risque ma vie tous les jours. Elle n’a pas besoin de quelqu’un comme moi dans sa vie, c’est certains. Alors je me contente de chérir les moments que l’on arrive à passer ensemble. « Ca va ? » « Je vais bien. » Je préfère ne même pas lui dire que j’ai clairement vu son mensonge et me tourne vers Aaron qui s’agite dans son berceau. « Hé bonhomme. » Je le prends doucement dans mes bras et le berce quelque peu. Je vois tout de suite les larmes dans les yeux d’Hayley et la prends également contre moi. « Ils ne savent pas ce qu’il a exactement. J’en ai marre Roman… » « Ca va aller. Je te le promets. » Je lui promets quelque chose que je ne maîtrise pas, mais j’ai envie qu’Aaron s’en sorte. Ce petit bout mérite de vivre une belle vie.

Deux semaines plus tard, me voilà de nouveau à l’aéroport. Cette fois c’est en Irak que je dois partir et je sais que cela ne plaît pas du tout à Hayley. Les combats là bas sont bien plus rude que ce que j’ai déjà pu connaître et je dois avouer que moi aussi j’ai un peu peur de ce que je vais pouvoir découvrir là-bas. Hayley a tenu à m’accompagner. Je ne la lâche plus depuis dix minutes. J’ai pas vraiment envie de la laisser seule ici, pourtant je sais que je n’ai pas le choix. Il y a aussi quelque chose que j’aimerais lui dire. Juste une fois. Sait-on jamais. Je pourrais bien ne jamais revenir…  « Il faut que je te dise quelques chose. Et ne me coupe pas. Sinon je crois que ça ne va pas sortir… Je t'aime… Il n'y a que toi. Je ne vois que toi et pas de la manière d'une meilleure amie. Je te vois comme la femme de ma vie. » Cela fait un bien fou. J’ai peur de sa réaction, mais cela fait un bien fou. J’ai au moins pu lui dire tout ce que je ressens pour elle même si dans le fond cela ne fait qu’un an que l’on se connaît tous les deux. « Roman… » « Non. Ne dit rien. S’il te plaît… » Je l’embrasse tendrement sur le front, ramasse mon paquetage et finis par la quitter. Sans me retourner. Au moins elle sait tout ce que je pense d’elle.

Deux ans plus tard,

« Dit tonton tu va venir pour mon anniversaire ? » « Je vais essayer mon grand. Je te le promets. » Skype est devenu une véritable habitude entre Hayley, Aaron et moi. Depuis qu’il est assez grand pour comprendre on se parle même juste tous les deux. Il est toujours celui qui demande à m’appeler et je reçois un dessin de sa part pratiquement dans toutes les lettres de sa mère. Il ne m’as jamais vu et pourtant j’ai l’air de prendre une place importante dans sa petite vie. « Tonton ? Tu connais des gens qui sont allé aux étoiles toi ? » Surpris je regarde ce petit bonhomme à travers l’écran et lui offre un petit sourire. « Des cosmonautes tu veux dire ? » Je relève les yeux et aperçois le regard empli de larmes d’Hayley. Non. Aaron ne me parle pas de cosmonautes et c’est dur à encaisser. « Non tonton ! Des gens malades comme moi. Qui sont parti aux étoiles. » « J’en connais quelqu’un oui. Mais tu sais quoi… Toi tu iras aux étoiles dans très longtemps ! Tu sais ce que je fais comme métier pas vrai ? » « Oui t’es militaire et tu sauve les gens ! » « Alors je vais te sauver toi aussi mon bonhomme, d’accord ? Mais il ne faut pas que tu le dises à maman. C’est un secret entre nous. » Aaron souris et se penche un peu plus vers l’ordinateur pour me dire. « Maman t’as entendu tu sais ! » Je rigole et Hayley va mettre le petit au lit. Quand elle revient, elle fond en larme. Et c’est à ce moment là que je déteste être aussi loin d’elle. Je ne peux pas la prendre dans mes bras. Je ne peux même pas la rassurer comme il faut. « Hayley pleurs pas… Il ira bien. » « Tu va le sauver hein ? Tu va m’aider à trouver une solution Roman… » « Je ferais tout ce que je peux. Je te le promets. Je vais rentrer bientôt. » On finit par discuter pendant une bonne partie de la nuit. Je fais de mon mieux pour la rassurer, mais c’est difficile en étant à des milliers de kilomètres d’elle…

Deux semaines plus tard je reçois une lettre de ma meilleure amie. « Cher Roman... Je suis actuellement sur notre banc… Te souviens-tu de la première fois qu'on s'est rencontré?! Je m'en souviens comme si c'était hier… Le fait est que j'ai l'impression que cet endroit me donne l'espoir. Tu m'avais tendrement dit que tous problème à une solution. J'aimerais y croire en ce moment. Les médecins veulent que je transfert Aaron là où son père vit. Je perds espoir. Je ne sais pas quoi faire. Tu lui manque... Et tu me manques. J'ai besoin de mon meilleur ami. Je sais que tu n'as pas le choix mais parfois ton boulot craint. Reviens nous en vie... Love. Hayley. » Sa lettre est courte par rapport aux autres, mais surtout je vois que l’encre à couler. Hayley à pleurer en écrivant cela et je ne mets pas longtemps à me dire qu’il est temps que je rentre au pays. Je ne peux pas la laisser toute seule face à cette épreuve. Ce n’est plus possible. Et puis… Je veux être auprès d’Aaron, au cas où il lui arrive quelque chose. En moins de cinq minutes j’atterris dans le bureau de mon chef. « Il faut que je rentre ! » « Encore Fields ? » « Ecoutez… Le fils de ma meilleure amie est en train de mourir. Je… Je ne peux pas rester ici. Je me suis renseignez. Il cherche quelqu’un de mon grade au Texas. Faite moi transférer. Juste quelques mois, un an maximum. » Je vois bien que mon Chef est absolument contre cette idée mais après une heure d’argument j’obtiens ma place pour le prochain avion qui décolle en direction des Etats-Unis.