L'image que tu as de moi n'est qu'une illusion. Il est temps de faire face à ce que tu as devant toi désormais.
Une journée de plus dans cette ville. Une journée de plus à choir sur un fauteuil peu confortable et à survivre aux commentaires et autres questionnements de l'écossais. Valery en a plus qu'assez de bien se comporter pour espérer une cigarette en plus ou bien une heure de tranquillité. Il a décidé de la demander lui-même, en coupant Lazlo dans ses paroles. Il veut et surtout à besoin de prendre l'air. Valery lui assure qu'il n'a pas l'intention de mettre la ville à feu et à sang, bien que tabasser deux trois personnes sur le chemin lui donne envie. Cette après-midi, il sera sage. Pas question de retourner dans un bar, de consommer sur le dos de quelqu'un, lancer une bagarre et se barrer en héros. C'est une habitude chez lui, la quête de l'adrénaline, le besoin d'évacuer de la pression en collant des droites dans le visage d'un innocent. La soif de sang.
Valery ne l'avait pas avant, il n'avait rien avant si ce n'est une certaine routine. Il croyait que les choses étaient faites pour lui, que rester avec Théodore était sa vie, son futur, mais non. Il se trompait et lorsqu'il a été otage, il a su ce qui était sa vie. Des déclics, ont peu en avoir partout et tout le temps, un rien peut changer une vie, et ce rien, on peut l'attendre toute une vie, on peut l'attendre, mais il arrive toujours lorsqu'on s'y attend le moins. Quels sont les pourcentages de se retrouver dans une prise d'otage lors d'un braquage ? Ils ne sont que moindres, enfin, ils l'étaient jusqu'à ce que les hommes de Valery se mettent à travailler. Là, c'était tout de suite plus risqué de se balader sans avoir la crainte de tomber sur ses hommes masqués et surtout, introuvables. D'ailleurs, ils sont toujours bien cachés, enfin c'est ce que Valery espère, qu'ils soient tranquilles et qu'ils n'essayent pas de faire des conneries ailleurs, pour le retrouver ou quelque chose de semblable. Ils doivent vivre avec l'argent qu'ils ont dans leurs poches désormais et faire ce qui était prévu initialement, c’est à dire, changer littéralement de vie. C'était ce que Valery devait faire avant d'arriver ici et de tomber directement dans les filets de Lazlo qui se fait un plaisir de le martyriser désormais.
La vie à deux n'était pas celle qu'il avait déjà vécu. Loin de là. Celle-ci est éprouvante et douloureuse. Ils sont font du mal chacun de leur côté sans se soucier de ce que l'autre peu bien penser. De temps en temps, Valery tente une approche plus calme, mais Lazlo se méfie aussitôt et il se braque par la suite. Lorsque l'un avance, l'autre recule, ils ne vont jamais aller bien loin à ce rythme là malheureusement.
Enfin, quoi qu'il advienne, cette après-midi, c'est la liberté, des cigarettes, une heure de libre dans un coin encore jamais visité. Valery possède ce qu'il désire désormais. Le regard plus calme, presque reposé, il s'avance, cigarette au coin des lèvres vers le lac. Certes, ce n'est pas un grand nageur, mais il sait qu'ici, ça va être calme, car après avoir traversé les coins pas très bien fréquentés, ici, c'est le silence, le calme, la solitude, tout ce dont il a besoin en ce moment. Il tire lentement sur sa cigarette avant de se laisser tomber dans l'herbe sur le dos et d'inspirer d'un grand coup l'air pur en même temps que la fumée de sa cigarette qu'il balancer quelques mètres derrière lui après avoir été jusqu'au filtre de celle-ci. Pas question de faire du gaspillage. Vêtu d'une chemise à manches longues pour cacher les traces des menottes sur ses poignets et d'un jean sombre, il reste, couché au sol et ferme les yeux, oubliant un instant tout ce qu'il se passe dans sa vie, toutes ses choses qui vont horriblement mal et qui vont plus tard lui causer des problèmes s'il ne trouve pas une solution tout de suite. Celle-ci tarde malheureusement à venir et son avenir semble largement tâché d'une sombre défaite qui lui colle à la peau autant que les traces des menottes métalliques sur ses poignets. Il daigne d'ailleurs se redresser et remonter ses manches, juste les manches pas question de montrer l'état de son torse, ou bien de son dos à la nature. Être un braqueur/tueur/cerveau d'organisation n'est pas un métier de tout repos si l'on considère ça comment un métier comme un autre. Valery observe ses longues traces rouges, marquées sur sa peau. Il glisse le bout de ses doigts dessus en poussant un long soupir. Est-ce donc comme ça que ça va se terminer ? Avec des morceaux métalliques aux poignets, des habits de basse qualités, des cigarettes dégueulasses et des regards accusateurs posés sur lui ? Il ne le supportera pas. Plus les jours passent et plus la question du suicide se soulève en lui. Ici ou en prison, quelle différence ça fait ? Personne ne l'attend, personne ne l'aime, pas question d'attendre encore plus dans cette situation. Cependant, tous les jours, il repousse cette envie de mettre fin à tout et surtout Lazlo semble avoir l’œil et ne le laisse que très rarement seul longtemps, sauf aujourd'hui et les soirs ou malencontreusement, il a avalé une dose de somnifères plus élevée que d'habitude.
Un léger sourire sur les lèvres en songeant à cela, Valery se passe une main dans ses cheveux et observe le calme de l'eau avant de se remettre debout, défaire ses chaussures et ses chaussettes pour aller mettre les pieds dans l'eau.